Gérard Nicoud, ancien professeur de géologie à l’Académie de Savoie, a décrit avec humour les 3 avancées et reculs successifs de l’énorme glacier du Rhône, adaptant son propos à la région de Sciez : le premier et énorme glacier du Riss atteignant 1700 mètres d’altitude, il y a quelques 200 000 ans, le deuxième, glacier du Wurm, atteignant 1250m il y a 50 000 ans, a façonné par ses moraines le plateau de Gavot et les terrasses d’Evian, dont les graviers filtrent l’eau des pluies donnant à la région l’eau célèbre qui fit sa fortune.

Le 3 ème, « récurrence de Genève », n’a pas dépassé 850 mètres et sur ses moraines l’on cultive les vins du Mont de Boisy : Marignan et Crépy. Chaque glacier, en barrant le cours des Dranses, leur a fait former des lacs qui chacun durait quelques milliers d’années, recueillait les couches de sédiment et l’argile, puis s’assèchait, comme celui qui forma la plaine puis la forêt de Planbois . Chaque glacier a déposé sur son pourtour des blocs erratiques, origines de légendes comme celle de la Pierre à Martin à Ballaison, mais aussi d’énormes blocs de glaces, lesquels en fondant ont donné des poches d’eau, les Vuaches. Nous sommes sortis des glaces il ya 20 000 ans et non 10 000 comme l’écrivent encore les livres….

Il y eut même des tsunamis sur le lac, comme celui de Taudadunum en 532 : l’écroulement d’un pan de montagne en Valais, entraina une énorme vague qui fit de nombreuses victimes dans la région de Genève .

La structure « en mille feuille » des Préalpes et du Chablais, superposant les couches de gravier des moraines et les couches d’argile, expose aux glissements de terrains ; une lave de boue dévale les vallées voisines, ensevelissant des villages, comme Derborence, qui disparut au XVIIème siècle ; cette catastrophe eut été oubliée sans Ramuz, qui en fit un roman. D’autres furent célèbres, comme celle qui créa le lac de Vallon en 1943, ensevelissant progressivement chalets et alpages, ou la catastrophe du Gran Bornand en 1987.