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INFOS LOCALES - MARDI 2 MARS 2010
   
   
 
ACTUALITE
 
 
Lors de la cérémonie au cimetière de Sciez
le Député et le Maire
devant la tombe de Joseph Dupraz
 
 
 
Dépôt d'une gerbe
par les élus locaux et la famille


 

66e Anniversaire des évènements de Foges : Matinée de Mémoire

Dans le cadre des manifestations commémoratives du combat de Foges et de la fusillade du Savoie Léman, les élus de Sciez, le Député Marc Francina, la Présidente de l'A.F.M.D., dt 74.Jacqueline Néplaz-Bouvet, les Portes Drapeaux des Anciens Combattants participaient dimanche 28 Février à une matinée de mémoire au cimetière de Sciez, à la Mairie de Lully puis au Savoie Léman à Thonon. La cérémonie au cimetière de Sciez était destinée à rendre un hommage particulier à la mémoire de Joseph Dupraz.
 

Le Maire Jean-Luc Bidal a remercié les personnes présentes à cette cérémonie et a déclaré que se souvenir et commémorer ce qu'il y a eu de plus tragique dans notre humanité et notre nation, c'est aussi nous permettre de faire les bons choix pour demain, et votre présence ici, a dit l'orateur, est pour moi et tous les autres responsables de la vie politique et associative un encouragement.

 
Dans son discours, Bernard Néplaz, Co-président départemental de l'ANACR a rappelé les conditions dans lesquelles s'était déroulé l'enterrement de Joseph Dupraz de Songy.
 
Allocution de Bernard Néplaz

A toutes les époques, la mort d’un jeune de 20 ans, qu’il soit victime d’un accident de circulation ou de maladie, suscite toujours beaucoup d’émotion et conduit beaucoup de gens à assister aux funérailles pour témoigner leur solidarité avec la famille endeuillée.

Ainsi en sera-t-il en ce jour du 27 février 1944 pour conduire à sa dernière demeure, Joseph Dupraz, jeune résistant de 20 ans, tombé quelques jours plus tôt au combat de Foges. On évalue à près de 3000 personnes toutes celles et tous ceux qui tiennent ce jour là à être présents aux côtés des parents et des jeunes frères de Joseph. Seulement la différence avec ce qui se passe aujourd’hui, c’est le risque de voir la Milice intervenir, ce qui donne encore une plus grande signification à cette présence massive des habitants de Sciez et des communes voisines. Mal renseignée, la Milice va effectivement arriver à la fin de l’enterrement. Ce qui va se passer nous en avons aujourd’hui un récit grâce au témoignage du père de Joseph Dupraz devant la commission d’épuration le 2 mars 1945.

« Le 27 février, à la sortie du cimetière, nous venions d’enterrer mon fils, tué par la Milice à Foges.  Arrivés à la hauteur du Lieu-dit sur les Crêts, Pierre Fillon nous tira dessus à coups de revolver, sans aucune raison, car nous ne lui avions pas adressé la parole. Après cet incident, Pierre Fillon et ses miliciens m’emmenèrent au café Lancey pour m’interroger. Il me fit mettre au garde à vous devant eux et ils m’insultèrent, me traitant de bandit, de salaud, etc... Il me questionna pour connaître le nom des porteurs du corps de mon fils. Je lui répondis que je ne les connaissais pas. Alors, fou de rage, ils s’emparèrent de mon fils Raymond âgé de 13 ans et l’emmenèrent dans une pièce voisine où il fut frappé et obligé de donner le nom d’un de ces porteurs. L ‘un d’eux fut arrêté et relâché après. Après cela, je fus gardé par un homme avec une mitraillette pendant trois heures de temps au fond de la salle. Pendant ce temps, nous avons été mon fils et moi abreuvé d’injures. Après cela, nous fumes relachés. »

Bernard Néplaz a tenu à remercier Michel Germain, auteur du « Mémorial 39-45 de la seconde guerre mondiale en Haute-Savoie» grâce à qui nous avons, a t-il dit, pu prendre connaissance de ce document.

Rappelons pour mémoire que les quatre porteurs, conscrits de Joseph Dupraz, s’appelaient
Jean Dunand, futur Maire de Sciez, Jean Favre, futur adjoint, Robert Jacquet et François Camer. Fureur du chef milicien Pierre Fillon en découvrant parmi les porteurs, Jean Favre, le fils du capitaine de la Légion. C’est après ces événements que plusieurs jeunes catholiques de Sciez basculèrent dans la Résistance et rejoignirent les rangs de l’Armée Secrète. Quant à Pierre Fillon il sera traduit devant un tribunal militaire en mars 45, condamné à mort pour tous ses crimes et exécuté.

Telle était la vie à Sciez en ces temps difficiles et qu’il était de notre devoir aujourd’hui de rappeler aux nouvelles générations, a conclu Bernard Néplaz.